« Sportive is a Lifestyle » par Cléopatre Darleux

Interview

« Sportive is a Lifestyle » par Cléopatre Darleux

Sportive dès le plus jeune âge, rester féminine, vivre dans un vestiaire féminin, penser à avoir des enfants...voilà quelques unes des choses qui font que les sportives ont un lifestyle à part entière !

En décembre 2017, la France est sacrée championne du monde de handball féminin en Allemagne au terme d’une finale magistrale remportée aux dépends de la grande Norvège. Parmi les joueuses titrées, on retrouve la gardienne numéro 2, Cléopatre Darleux. Figure importante de l’équipe de France depuis 2008, elle fait partie des cadres sous le maillot bleu comme à Brest avec son club du BBH. Célèbre également pour ses lunettes de protection qu’elle portait à la suite d’une infection à l’oeil ou encore sa jolie silhouette, Cléopatre est tout autant une sportive de très haut niveau qu’une femme au quotidien. Ainsi, Beside Sport a souhaité en savoir plus la personnalité de Cléopatre à travers son interview « Sportive is a Lifestyle » !

Dans ton enfance, y avait-il des signes avant-coureurs de ton amour du sport ?

Oui, on peut dire ça ! Je suis issue d’une famille nombreuse, 5 frères et soeurs, et on a toujours tous été très sportifs dès le plus jeune âge. J’ai fait de la gym, du judo, un peu de tennis et c’est continuellement la compétition entre-nous. Donc cela amène forcément un esprit de compétition assez rapidement.

A quel âge as-tu su que tu souhaiterais que « sportive » devienne ton métier ?

Je dirais assez tard quand même, vers les 16 ans. Plus jeune, même si je gravissais les échelons petit à petit, je ne pensais pas du tout à ça, je ne savais pas forcément que cela existait car je n’en avais pas dans mon entourage. Donc le fait d’en faire son métier a commencé à germer à l’adolescence.

Quelles sont les qualités qu’il faut présenter très tôt pour pouvoir devenir une sportive professionnelle ?

Je pense qu’il faut être très exigeante et avoir toujours envie de gagner. Dans mon cas, c’est ça, j’ai toujours détesté perdre et du coup, cela pousse toujours à avoir la gnaque et à être au taquet. Après c’est sûr que selon les disciplines, il faut présenter des qualités physiques adaptées au sport que l’on pratique. Mais surtout des qualités mentales pour ne pas lâcher car ce genre de carrière dans le sport de haut niveau, ce n’est jamais facile !

A l’école, étais-tu déjà différente des autres filles ?

C’est évident ! Après je n’étais pas forcément un « garçon manqué » mais j’aimais beaucoup le sport. Dans la cour, on joue au « ballon prisonnier » et on met des droites à tout le monde (rires). C’est vrai que je traînais pas mal avec les garçons.

Pourquoi avoir choisi un sport collectif plus qu’un sport individuel ?

J’ai commencé par des sports individuels mais vu que je suis issue d’une fratrie, on était toujours un peu en équipe et c’est ce qu’il me fallait.

Penses-tu qu’un vestiaire féminin de handball est différent d’un autre sport collectif féminin ?

Complètement différent oui…pourquoi vous voulez des détails (rires) !

Les sportives sont aussi à l’aise avec leur corps que ne peuvent l’être les sportifs dans les vestiaires ?

Oui je pense. Je ne suis jamais allée dans un vestiaire masculin mais je pense que c’est pareil (rires).

On est habitué à voir des tensions dans les effectifs masculins de sport collectif notamment en matière d’égo. Est-ce la même chose dans le sport féminin ?

Oui c’est la même chose mais d’une manière différente. Les gars ont plus tendance à directement se taper dessus, après c’est fini et ils boivent une bière. Nous, ça sera un peu plus vicieux. Il y aura plus de blabla, on est un peu plus sensible et ça prend souvent plus de temps.

Quelles sont tes astuces pour arriver à garder une certaine féminité en tant que sportive pro ?

Essayer tout simplement de prendre soin de soi. Déjà, on est toujours en jogging, nous les filles, que cela soit à la fin de l’entraînement et forcément on peut avoir la flemme de se changer entre deux entraînements. Il faut prendre certaines habitudes. Le matin, par exemple, je pourrais juste m’attacher les cheveux, mettre mon jogging et aller à l’entraînement. Mais non je fais un petit effort car voir tous les jours nos collègues avec la même tête, c’est pas génial non plus (rires). Pas forcément le maquillage mais essayer de s’apprêter un petit peu et de ne pas traîner tout le temps en jogging et de s’habiller féminine en dehors.

Pourquoi les sportives sont-elles, la plupart du temps, coachées par des hommes ?

Déjà dans le sport en général, il y a plus d’hommes que de femmes. Après j’espère qu’il va finir par y avoir de plus en plus de femmes dans les staffs car c’est énormément masculin. Je n’ai pas forcément la réponse à la question mais peut-être que ce sont des postes qui attirent plus les hommes pour le moment, tout simplement.

On parle souvent de la problématique des sportives par rapport à leur physique notamment à cause de la musculation, que peux-tu nous dire là-dessus ?

C’est vrai que j’ai eu beaucoup de collègues qui étaient vachement gênées par ça. Par exemple, le haut du corps, dès que l’on met un débardeur, vu que l’on est carrée et musclée, on est pas loin de ressembler aux nageuses. Et pour les pantalons, c’est compliqué d’en trouver à notre taille avec nos grosses cuisses. Mais ça a pas mal changé ces derniers temps où on est dans la mode du fitness et on est plus là à soulever de la fonte mais on fait plus des poids de corps,…on sculpte plus que l’on muscle !

Y a-t-il une sportive dont la carrière est un modèle ?

J’ai envie de dire les soeurs Williams et notamment la plus jeune des deux, Serena. L’une voire la plus grande tenniswoman de l’histoire et en plus, elle s’est permise d’avoir son premier enfant en pleine carrière donc chapeau !

Y a-t-il une différence sur la vision des sportives en France et au Danemark ?

Oui, il y a une différence notamment car la femme n’a pas le même rôle dans la société. Là-bas, j’avais une femme comme coach aussi donc les mentalités sont différentes.

Les hommes qui assistent à des matchs féminins sont-ils tous bienveillants ?

Pas tout le temps, en général oui mais j’ai connu des situations où ils ne l’étaient pas.

Et enfin, que peux-tu nous dire sur le slogan « Sportive is a Lifestyle » ?

C’est sûr que le lifestyle n’est pas le même que celui d’un sportif car un homme et une femme, c’est différent de base. Je pense quand même que la pratique sportive pour une femme, en tant que professionnelle, c’est assez compliqué car il y a plein de paramètres qui sont assez difficiles pour la vie d’une femme. Mais bon après, on vit quand même comme tout le monde, on prend soin de nous, on essaie de bien s’habiller en dehors et d’être le plus féminine possible lorsque l’on peut !

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