Marie Oteiza, la pentathlète d’aujourd’hui et de demain

Interview

Marie Oteiza, la pentathlète d’aujourd’hui et de demain

Imaginez-vous performer dans 5 disciplines toutes aussi différentes et difficiles à appréhender que l'escrime, la natation, l'équitation, le tir au pistolet et la course à pied ? Et bien c'est ce que font les pentathlètes !

Le pentathlon moderne, voici une discipline qui a rarement, voire jamais, voix au chapitre ! Ainsi, Beside Sport a souhaité donner la parole à la championne d’Europe 2018 et la médaillée de bronze aux Mondiaux la même année et surtout qualifiée pour les futures Jeux Olympiques de Tokyo en 2020 grâce à sa 10ème place aux Championnats d’Europe, disputés le weekend dernier, à savoir une certaine Marie Oteiza. Comme le veut bien souvent sa région d’origine, le Pays Basque, Marie est d’une bonne humeur et d’une simplicité à toute épreuve mais attention sous cet air angélique se cache une compétitrice hors-pair et un mental de championne !

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Plus jeune, Marie, tu avais quel rapport au sport ? Ton entourage était sportif ?

J’ai débuté par la natation et je ne faisais quasiment que cela ! C’était une volonté de ma mère que j’aille nager souvent notamment pour apprendre à bien nager afin de ne pas avoir peur pour nous lorsque l’on jouait dans les vagues pendant l’été.

Du côté de mon entourage, il faut savoir que mes parents ne sont pas du tout sportifs mais c’est plutôt ma soeur qui était une bonne sportive. Elle s’était faite recrutée au CREPS de Talence en natation et en pentathlon et donc c’est comme ça que j’ai découvert ce sport. Vu que l’on s’entraînait ensemble, j’aimais bien la défier et en plus quand elle est partie de la maison pour aller dans une structure comme le CREPS, cela me faisait un peu rêver.

A l’école, en EPS, tu faisais facilement mieux que les autres filles voire que les garçons ? 

J’étais un peu l’ovni du collège car j’étais la seule à aimer aller au sport (rires). Alors oui, j’aimais bien les cross mais, en toute honnêteté, je n’étais pas une coureuse exceptionnelle mais ça me plaisait bien.

Le premier sport que tu as pratiqué intensivement était la natation, quel rapport entretenais-tu avec l’eau et qu’aimais-tu dans cette discipline ?

Je n’aimais pas particulièrement la natation, c’était plus pour aller voir les potes et les copines à la piscine. Après, j’ai commencé par cette discipline donc vu que j’étais dedans, je voyais que je progressais et j’avais envie de continuer à l’entraînement pour progresser toujours plus. Puis, tu commences à prendre goût à la glisse, à voir que tes temps descendent et c’est comme cela que j’ai commencé à prendre du plaisir.

Es-tu compétitrice depuis toujours ?

J’ai un sale caractère donc j’aime bien la compétition et les challenges.

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Comment as-tu découvert le pentathlon moderne ?

C’est grâce à ma grande soeur comme j’ai pu l’expliquer ci-dessus ! Ensuite, je venais quasiment que de la natation, j’avais fait un peu de cross au collège, l’équitation ça me disait bien lorsque j’étais plus jeune et puis le reste des épreuves, vu que je suis de nature curieuse, ça me plaisait de les découvrir. 

Pourquoi moderne, il existait un pentathlon classique auparavant ?

En fait, il existait le pentathlon militaire et en 1912, de mémoire, le Baron de Coubertin a créé le pentathlon moderne avec comme objectif de former des soldats parfaits. C’est-à-dire que ceux-ci sauraient nager, courir, se battre avec une épée, se déplacer à cheval et tirer au pistolet.

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Peux-tu nous expliquer les subtilités du pentathlon ?

En pentathlon, on a 5 épreuves :

– On débute à chaque fois avec l’épreuve d’escrime avec comme arme l’épée. La particularité, c’est que l’on a une touche à mettre en une minute contre tous les adversaires à la différence de l’escrime où ce sont des matchs en 15. C’est ce que l’on appelle la mort subite, c’est celui qui met la touche qui gagne le point. Chaque touche remporte un point et le but, c’est d’avoir un maximum de points.

– Ensuite, en natation, c’est un 200m nage libre en piscine. Le but est de faire le meilleur temps possible.

– Puis l’épreuve d’équitation qui est aussi très particulière en pentathlon. On doit faire un parcours d’obstacles mais avec des chevaux tirés au sort. C’est, en quelque sorte, une épreuve de défense de ses points. On part avec le maximum de points, à savoir 300, et à chaque pénalité, à chaque faute, à chaque barre qui tombe ou refus, ce sont des points qui s’enlèvent du total.

– Et la dernière épreuve, c’est le combiné. C’est le même principe que le biathlon, c’est de la course à pied et du tir en même temps. On enchaîne des boucles de 800m de course et un tir après chaque boucle.

Pour finir, les deux épreuves les plus importantes du pentathlon sont l’escrime et le combiné. Les 3 autres sont importantes mais ne rapportent pas tant de points que cela.

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Quelles sont les qualités qu’il faut présenter pour être une bonne pentathlète ?

Il faut être polyvalent et être capable de s’adapter à toutes les situations. Il ne faut pas être stressé car sinon tu ne finis pas la journée et tu fais un infarctus, c’est sûr (rires). En vrai, il faut aimer toucher à tout et être un peu curieux.

De plus, je pense que le pentathlon est l’un des seuls sports où il n’y a pas de gabarit type. On trouve des grandes très très fines, des petites hyper tankées et musclées, des moyennes musclées,…vu que les épreuves sont toutes très différentes, tu ne peux pas avoir une morphologie type. Après c’est quand même mieux d’être fine car il y a des épreuves aéro et il ne vaut mieux pas être trop lourde…mais sinon il y a de tout en matière de physique.

Et les qualités de Marie Oteiza ?

Mon caractère encore une fois (rires)…Sans lui, je ne serais pas là, c’est sûr et certain ! Si je prends une touche, c’est clair que je ne prendrais pas la suivante.

Si le décathlon, le triathlon, l’heptathlon, le marathon et le biathlon n’existaient pas, le pentathlon serait plus connu ?

Ahah, je ne sais pas…ça en fait beaucoup à éliminer ! Après pour répondre à la question, peut-être, mais finalement ça peut aussi faire du bien au pentathlon car dans le cas du triathlon ou du biathlon, ça fait très peu de temps qu’ils sont populaires donc je pense surtout que les sports combinés plaisent de plus en plus. On croise les doigts pour que le pentathlon finisse par émerger aussi.

As-tu une explication à avancer sur le fait que le pentathlon manque de médiatisation ?

Je pense que c’est dû au fait qu’il y ait pas mal d’épreuves techniques comme l’escrime et forcément pour des gens qui ne connaissent rien à l’escrime, ce n’est pas évident à comprendre. Et puis peut-être que c’est un peu long à regarder aussi du fait que nos journées soient parfois interminables. Après les épreuves les plus télévisuelles sont les deux dernières, à savoir l’équitation et le combiné.

Néanmoins, il y a pas mal de clubs en France où on peut faire du pentathlon aujourd’hui notamment depuis les derniers Jeux et la médaille d’argent d’Elodie Clouvel. Grâce à sa performance, on a doublé le nombre de licenciés.

Les JO 2020 à Tokyo arrive à grands pas, cela représente quoi pour toi l’échéance olympique ?

C’est un petit rêve ! Pas que j’ai depuis tout petite mais qui se construit depuis plusieurs années maintenant. Cela serait l’aboutissement de toutes ces années de travail !

Aucune sportive en activité n’émerge vraiment au niveau popularité en France actuellement, pourquoi ?

Déjà, je ne pense pas que vous voyez souvent du sport féminin à la télévision donc cela joue forcément. Pour moi, la médiatisation du sport féminin est pour beaucoup dans l’absence d’une grande star sportive en France !

A ton niveau, que fais-tu pour créer une communauté sachant que tes résultats et ton palmarès parlent pour toi ?

C’est important pour nous car vu que l’on pratique un sport peu médiatisé et que cela nous prend beaucoup de temps, c’est impossible pour nous d’exister dans les médias et d’aller démarcher des sponsors donc forcément on a besoin d’être accompagné à ce niveau-là. Et entre sportifs, on en parle car beaucoup ne peuvent pas en vivre et on se doit de trouver des solutions.

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