Interview « Terre-Mer » de Mathieu Crépel

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Interview « Terre-Mer » de Mathieu Crépel

Mathieu Crépel est un nom qui compte dans l'histoire du snowboard français. Mais plus qu'un grand champion de snow, Mathieu est un très bon surfeur et a donc un lien très fort entre l'élément terre/montagne et eau/océan !

Si Mathieu Crépel s’est forgé l’un des plus beaux palmarès du snowboard français, il a décidé de mettre derrière lui les compétitions depuis plusieurs années afin de participer à des projets qui lui tiennent à coeur. Ainsi, il est à l’origine, avec son meilleur ami le réalisateur Morgan Le Faucheur, du film « Shaka », un film-documentaire sur sa quête pour aller surfer la vague mythique de Jaws à Hawaii. Dans celui-ci, Mathieu Crépel est en passe de réaliser son rêve ultime : concilier sa passion pour le surf et le snow, lui qui a toujours grandi entre montagne et mer, deux éléments indispensables à son équilibre.

Beside Sport vous propose une interview Terre/Mer d’un Mathieu décontracté et en pleine forme  !

Mathieu, peux-tu nous parler de ta première rencontre avec la nature ?

Ma première, je pense que je ne m’en souviens pas exactement car j’étais très jeune. Néanmoins, je pense que c’était en montagne, sûrement au mois d’octobre quand je suis né, car mes parents étaient moniteurs de ski. Je sais que j’adorais jouer dans la neige même si j’étais trempé, ce n’était pas grave.

Mais la rencontre qui m’a marqué, et qui a été fondatrice pour tout le reste, c’est un voyage que j’ai fait au Groenland à l’âge de 10 ans, en 1995. C’était un voyage pour faire un film Quiksilver et ils ont eu l’idée un peu folle d’emmener une petite mascotte qui faisait du snow sur l’expédition. Je me suis donc retrouvé à faire 3 semaines de snowboard au Groenland et c’est là que je me suis rendu compte à quel point la nature était incroyable…et fragile en même temps. Après, c’est forcément avec le recul que je dis ça car quand j’avais 10 ans, j’ai vécu le truc à fond avec la banane non-stop, à faire du chien de traîneau, à voir des ours. Mais clairement, ce voyage, ça a été un immense déclic et c’est ce qui a conditionné tout le reste de ma carrière…voire de ma vie !

Si tu devais définir la montagne, quels adjectifs emploierais-tu ?

Fascinant, immense et un petit peu fourbe (rires) ! Parce que la montage peut être aussi dangereuse que magnifique. Contrairement à l’océan, par exemple, où lorsqu’il y a des vagues énormes, on les voit…le danger, on le voit dans l’eau. En montagne, il est beaucoup plus subtile et c’est en ce sens que c’est un peu différent.

La montagne, c’est quand même mieux quand il y a de la neige ?

Pas nécessairement ! Il y a quelques années, j’aurais dit « oui, évidemment » mais en fait, j’adore aussi la montagne pour courir, faire un peu de trail. J’ai découvert la montagne sans neige avec ses disciplines et c’est assez cool. En plus, j’habite au Pays basque donc il n’y a pas spécialement de la neige tout le temps et cela m’arrive assez souvent d’aller en montagne, même l’été, et de découvrir la montage verte et pas que blanche.

Tout comme la montagne, la neige fait partie de ta vie depuis tout petit, l’as-tu toujours aimée ?

Oui, oui, c’est clair (rires) ! Je trouve que la neige, cela apporte tout de suite un environnement. On le voit, lorsqu’il neige en ville, c’est assez exceptionnel et éphémère. Cela rend tout blanc, tout beau…c’est vrai que quand elle fond, ça devient un peu plus moche. Après, on vient d’avoir les premières chutes de neige donc tout le monde est excité et poste des photos. Clairement la neige, c’est un élément qui renvoie à la beauté, à la propreté,…

A quel âge as-tu rencontré la mer ? Et as-tu tout de suite apprivoisé l’élément eau ?

Ma mère, je l’ai rencontré assez vite (rires) ! L’océan assez vite aussi car j’ai eu la chance d’avoir des parents qui faisaient les hivers en montagne et les étés sur la côte landaise et basque. Comme à la montagne, dès tout petit j’étais dans l’eau, non pas pour faire du surf bien sûr, mais le contact était établi avec cet élément. J’ai eu plus de mal à apprivoiser l’eau que la neige/montagne car clairement j’étais moins à l’aise sur une planche de surf que de snow, j’avais tout simplement moins de connexion avec l’eau. J’étais plus flippé dans l’océan et je le suis toujours d’ailleurs…enfin, pas sûr car plus j’ai d’expérience en montagne plus j’en ai peur.

Pourrais-tu nous expliquer le cycle de l’eau d’une manière ludique ?

Le cycle de l’eau tel que, nous, on l’a imaginé et qu’on le défend par rapport à notre association qui s’appelle la « Water Family/Du flocon à la vague », c’est en gros : C’est un flocon de neige qui se pose au sommet d’une montage, qui est vierge de toute pollution, et qui au fur et à mesure de sa fonte, va se transformer en goutte d’eau, va traverser d’abord les villages puis les villes, puis de l’agriculture, de l’industrie, qui va donc se charger en pollution et qui va finir par se jeter dans l’océan. Du coup, l’océan se positionne un peu comme une poubelle de tout ce qu’il s’est passé en amont. Le cycle de l’eau au niveau de la pollution, cela pourrait être ça mais le cycle de l’eau, c’est aussi le cycle de la vie, à savoir tout ce qui est nécessaire pour que la vie se développe.

Quelles sont les différences que tu as rapidement observées entre le surf et le snow ?

Déjà le snow, c’est de l’eau sous forme solide et le surf, c’est de l’eau liquide (rires) donc c’est pas tout à fait pareil même si dans les grosses vagues, lorsque l’on chute, l’eau liquide devient assez dure et ça fait bien mal. Mais la grosse différence au niveau de la pratique du surf et du snow, c’est que lorsque l’on fait du snowboard et que l’on se retrouve un peu en galère, on peut s’arrêter et prendre du temps pour réfléchir que ce soit en freeride ou même sur une piste qui est un peu raide. Alors que dans l’océan, sur une session, ce n’est pas du tout ça et si on se retrouve à prendre une « bouffe » au milieu des vagues, celles-ci ne s’arrêtent jamais. Enfin l’autre différence, c’est que la montagne lorsqu’elle est dangereuse, on ne le voit pas, il faut beaucoup d’expérience pour savoir s’il y a des dangers d’avalanches, des crevasses,…alors que l’océan, les vagues de 5 mètres, on les voit vite.

Quelle est la discipline qui demande le plus d’entraînement ?

Je pense qu’en surf, on peut s’entraîner beaucoup et compenser un peu le manque d’expérience par de l’entraînement. Alors qu’en montagne, si vraiment, on veut faire du freeride et aller en haute montagne, ce n’est que de l’expérience. Evidemment, il y a de l’entraînement mais c’est vraiment de l’expérience et on n’a pas le droit de brûler les étapes. Il faut y aller petit à petit et apprendre beaucoup de ceux qui ont cette expérience là.

Beside Sport - Interview « Terre-Mer » de Mathieu Crépel - Kelly Slater à gauche et Shaun White à droite -

Kelly Slater à gauche et Shaun White à droite

Quelle est la plus grande légende : Kelly Slater en surf ou Shaun White en snow ? Et pourquoi ?

Pour moi, il n’y a pas photo, c’est Kelly Slater ! Déjà, il a un spectre de disciplines qui est beaucoup plus large que Shaun White même si ce dernier a le skateboard. Mais Kelly, tu le mets dans n’importe quelle compétition de surf, c’est le boss. Il a gagné l’Eddy Aikau, il a été champion du monde, il a gagné toutes les étapes que soit petites ou grosses vagues, il a révolutionné la discipline dans les « aerials », dans les « airs » et tout. Alors que Shaun White, c’est un très bon compétiteur, en halfpipe c’est un tueur, ce qu’il fait c’est exceptionnel. Réussir à gagner encore les JO à Pyeongchang en 2018, je ne m’y attendais pas du tout donc bravo. Mais pour moi, ce n’est pas un snowboardeur complet dans le sens où il ne fait pas de freeride. C’est une machine en compétition mais ce n’est pas un snowboardeur au sens large.

Et puis Kelly, je trouve qu’il a apporté quelque chose à son sport au niveau global grâce aux produits qu’il développe, dans les piscines à vagues…De son côté, Shaun, il prend mais il ne donne pas trop.

Lorsque tu étais jeune, imaginais-tu un jour voir le surf et le snow aux JO ?

Franchement non ! En tout cas, je n’ai pas grandi avec ce rêve là, c’est venu un peu plus tard. J’imagine que dans les disciplines que l’on appelle « olympiques », ils ont cet objectif forcément d’aller aux JO, moi ce n’était pas du tout ça. L’objectif principal, c’était de me marrer avec mes potes, de faire le con et puis d’un coup, on voit qu’il y a le snowboard aux JO donc pourquoi pas…mais c’est tout.

Le film Johnny Tsunami, cela te dit quelque chose ?

Non, ça ne me dit rien du tout (rires) !

Le plus beau spot de surf au monde pour toi ?

Je n’ai malheureusement pas encore fait le tour du monde pour le surf…même si j’en ai fait quelques-uns ! Pour l’instant, le meilleur spot sur lequel j’ai pu avoir des sessions, c’est en Indonésie avec le surfeur Kepa Acero. Je ne peux pas dire où c’est car sinon il va me taper sur les doigts car c’est son spot et dans le surf, il y a ce côté un peu secret. Mais en gros, l’Indonésie, pour faire un « surf trip », se marrer, avoir des super vagues, être accueilli par des gens adorables et aussi au niveau du climat, c’est parfait !

Et le plus beau spot de snow au monde pour toi ?

C’est les Pyrénées (rires) ! Non honnêtement le graal absolu en snowboard, c’est l’Alaska !

Interview « Terre-Mer » de Mathieu Crépel -  -

Qu’est-ce qui fait que Quiksilver a autant de notoriété coté terre que côté mer ?

Déjà le logo (ci-dessus), c’est la montagne et la vague et puis je pense que c’est une histoire qui dure depuis le début. C’est authentique et ce sont des gens qui sont passionnés par ces deux éléments depuis la création de la marque. Après j’imagine que, sans me lancer des fleurs, c’est grâce à des ambassadeurs comme moi ou les autres qui mettons en avant ces sports et ces valeurs là.

Interview « Terre-Mer » de Mathieu Crépel - Le geste Le geste "Shaka"

Peux-tu nous parler de la philosophie de « Hawaï » symbolisée par le mot et geste « Shaka » ?

A Hawaï, il y a les deux ! D’abord le « Shaka« , c’est un moyen de reconnaissance et de communication. On n’a pas besoin de dire bonjour, juste un petit shaka et tu sais à qui tu as affaire et partout dans le monde. Et c’est pour cela que l’on a voulu appeler le film comme ça car cela représente une communauté mais aussi un côté cool et enjoué. Et puis la majeure partie du film, c’est sur Hawaï donc on avait envie de faire ce petit clin d’oeil là…mais en gros sur la route, « hop, un petit shaka » et de suite, il y a un petit sourire.

 

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