Si les projecteurs sont souvent braqués sur les journalistes sportifs les plus célèbres, notamment lorsque ceux-ci apparaissent à la télévision, cela ne les empêche pas d'avoir du recul sur leur profession et sur les différents médias de sport. Ainsi, Beside Sport livre une interview "Hors Antenne" aux dignes représentants du métier de journaliste sportif !
France Pierron « Hors Antenne »
France Pierron, sûrement la journaliste sportive la plus sympa et la plus drôle du « PAF » ! En effet, si vous suivez ses émissions, ses échanges avec les stars du sport ou encore son compte Instagram alors vous avez compris à qui vous avez affaire. Ayant fait ses armes du côté du club de Toulouse avant d’atterrir sur feu l’Equipe 21, elle fait aujourd’hui les beaux jours de la chaîne l’Equipe. Que cela soit en tant qu’envoyée spéciale, journaliste bord-terrain ou encore en plateau seule face à une conférence de presse ou entourée de chroniqueurs, France Pierron « job » comme le dit si bien Paul Pogba. Afin d’en savoir plus sur ce que pense cette intarissable boute-en-train sur le monde des médias, voici son interview « Hors Antenne » !
Journaliste sportif, c’est souvent le graal pour les jeunes garçons ou filles qui souhaitent pouvoir avoir accès à leurs idoles. Néanmoins, les places attrayantes sont rares. Quelles sont les qualités pour pouvoir un jour devenir les futurs France Pierron, Grégoire Margotton ou Hervé Mathoux ?
La curiosité, la curiosité…il faut être curieux de tout même de sports plus obscurs sur le papier comme le sumo, le curling, et bien d’autres. Il faut se dire qu’il y a toujours des choses à faire, c’est toujours de l’émotion et il y a toujours plein de choses à partager autour de ça.
Ensuite, il faut forcément être à l’aise pour poser des questions, se montrer intéressé par tout, ne pas arriver avec des préjugés, être plutôt ouvert et accepter de parfois se retrouver envoyé sur un terrain de Fédérale 1 en rugby d’un « piètre niveau » et le lendemain, sur une finale de Ligue Europa. Tous les évènements méritent d’être traités de la manière la plus professionnelle possible peu importe leur importance.
Et enfin, il faut être content de ce que l’on fait. C’est un métier plutôt sympa, on ne va pas à l’usine. C’est un métier de sourire, d’émotion, de partage,…c’est loin d’être compliqué. On annonce très rarement et « dieu merci », des nouvelles graves, et c’est bien souvent dans la joie et dans la passion que l’on fait notre métier. Honnêtement, c’est difficile d’être triste dans le sport et de ne pas avoir envie d’en parler. C’est quelque chose d’universel, qui parle à tout le monde, donc il faut se rendre compte de la chance que l’on a aussi !
Y a t-il un journaliste sportif qui t’a inspiré dans tes débuts dans le métier ?
Oui absolument : Céline Géraud ! Ça fait un peu « vieille bique » car elle n’est pas beaucoup plus âgée que moi mais je ne ratais pas un « Tout le Sport » à cause de Céline Géraud. Je les enregistrais, de mémoire, c’était à 20h05 sur France 3. C’était impossible de rater un « Tout le Sport » car Céline Géraud, c’était une ancienne sportive donc elle savait de quoi elle parlait. De plus, elle était hyper à l’aise et c’était une femme qui avait un physique de sportive et pas de petite minette donc je trouve qu’elle combinait tout ça parfaitement et pour finir, elle était crédible. C’était mon mentor et je crois que je me suis pas mal inspirée d’elle…même si je suis encore loin d’être à son niveau.
Y a t-il un média qui t’attire outre que la télévision ?
Internet car j’en suis la première cliente et la première consommatrice, notamment des réseaux sociaux. Cela a changé notre vie et même si je n’ai pas vraiment connu la période antérieure aux réseaux sociaux en tant que journaliste, aujourd’hui, c’est un outil et un gain de temps incroyable.
Radio, je n’ai jamais fait mais je pense que ça doit être difficile car il y a toujours un blanc à combler et j’ai du mal à laisser des blancs à l’antenne.
Et presse écrite, il faut vraiment une vraie plume. J’ai déjà essayé d’écrire quelques articles, ce n’est pas la même chose. Et puis cela demande moins de spontanéité aussi, c’est quelque chose de plus écrit, de plus recherché, de plus travaillé et honnêtement, je n’excelle pas là-dedans.
Les journalistes sont souvent à la pige et n’ont pas forcément de contrat d’exclusivité. N’est-ce pas souvent un peu compliqué de ne pas avoir ce côté sécurité de l’emploi ?
Forcément, je ne me sens pas vraiment concernée car j’ai le même contrat dans cette belle maison qu’est l’Equipe depuis 10 ans maintenant. En revanche, ce qui est intéressant avec la pige, c’est que l’on peut aller piger dans plein de médias différents. Du coup, on rencontre encore plus de monde, on ne se ferme pas de portes. Tu peux aller piger dans un média de sport, de musique, de mode et donc ouvrir son champ de travail comme ça. Pour conclure, les deux ont leurs points positifs.
Animer des conférences, des colloques, etc…c’est un passage obligé pour arrondir ses fins de mois ? C’est vraiment bien payé ?
Oui (ahah). Après il faut que cela reste ponctuel, on ne peut pas me voir tous les dimanches au « Prisu » pour faire la promo du jambon qui est à -45 %. Ensuite, il ne faut pas que cela soit dans un univers éloigné de ce que je fais tous les jours, à savoir le sport. De plus, il faut respecter la neutralité journalistique et donc que je ne m’engage pas pour un club ou pour une marque. Mais de temps en temps, c’est toujours sympa et puis on comprend que les marques, les institutions ou les fédérations fassent appel aux journalistes car c’est un métier.
Quelle émission existante dans le sport rêverais-tu de présenter ? Quelle émission rêverais-tu de créer dans le sport ?
« Tout le Sport », j’aimais bien. C’était l’émission dont j’étais fan quand j’étais jeune. « Stade 2 » reste une grosse machine. Après, chez nous, je ne vais pas aller dégager Estelle Denis et Olivier Ménard même si je sais que j’excelle (rires).
Je rêverais de faire des jeux de sport car il n’y en a pas beaucoup. Pas des jeux physiques comme Fort Boyard mais des jeux de réflexion et de culture générale mais uniquement liés au sport. Alors on essaie tous de se lancer, on a tous des idées mais c’est compliqué car en France, on n’a pas encore la culture du jeu sportif. Mais cela serait top car il y aurait de l’humour, de la légèreté, en même temps de la connaissance grâce à la richesse qu’il y a à l’Equipe…ça serait un beau challenge !
Que penses-tu de cette génération de journalistes un peu à l’ancienne comme Nelson Monfort ou Patrick Montel qui sont encore sur le service des sports de France Télé. Le journalisme sportif actuel, c’est encore eux ?
On les regarde toujours ! Pour moi, cela a toujours été des exemples à suivre, des grosses références vu les noms qui sont passés à leur micro et le nombre d’évènements sur lesquels ils ont été. Gros respect à ces mastodontes. Alors oui je n’aurais pas les mêmes questions qu’eux ou le même regard journalistique sur un évènement mais cela se complète. Il y a le regard jeune et le regard ancienneté donc c’est bien comme cela.
En tant que journaliste sportif, on peut vraiment rester neutre et ne pas être chauvin et encore plus lorsque l’on s’appelle France ?
Il faut faire attention ! C’est vrai que pour ma part, j’ai bossé dans un club de football pendant 5 ans, le Toulouse Football Club, et donc je serai à vie supportrice du Téfécé, comme peut l’être Thomas Thouroude avec Caen,…En revanche, lorsque l’on est en train de travailler, il faut absolument que cela ne se voit pas. Il faut rester professionnel en toutes circonstances et ne pas se laisser aller à son âme de supporter.
Y a-t-il encore un événement sportif que tu rêverais de couvrir ?
Roland-Garros, c’est pas mal ! Le tennis, c’était mon premier sport, j’en ai fait pendant 15 ans et cela reste un sport super aléatoire. En plus, il y a plein de facteurs qui rentrent en compte comme la météo. Et puis l’aspect historique, Roland-Garros, c’est un monument du sport mondial !
Quel sportif rêverais-tu d’avoir 1h pour une interview en face à face ? Quelle est la question que tu voudrais absolument lui poser ?
C’est bête mais Beckham…un petit Beckham. Et comme question je lui demanderais : « Pourquoi sa femme ne sourit jamais ? » (rires). Sérieusement : « Pourquoi est-il venu au PSG ? ».
« Comme question je lui demanderais : Pourquoi sa femme ne sourit jamais ? (rires) »
France Pierron
Pour toi, quel est le meilleur intervieweur sportif ?
Ce n’est pas forcément sportif mais pour moi, c’est Thierry Ardisson. Ce ne sont pas vraiment des interviews qu’il fait dans ses émissions mais la façon dont il raconte et met en valeur une histoire, pas toujours drôle d’ailleurs, c’est très fort de sa part. D’ailleurs, il faudrait qu’il reçoive un peu plus de sportifs dans ses émissions.
As-tu l’ambition de t’éloigner du journalisme sportif pour aller explorer l’information pure ou du divertissement comme par exemple l’ont fait Gilardi, Estelle Denis ou Thomas Thouroude ?
Alors l’information pure, je ne crois pas. Notamment, tout ce qui est info généraliste, annoncer des bouchons, des morts, des crises ou des attentats, ce n’est pas possible pour moi. Ce qu’il y a de merveilleux dans mon métier, c’est justement que l’on a toujours le sourire quoiqu’il se passe. Après pour le divertissement, animation pourquoi pas mais j’ai tout de même besoin d’avoir le côté passionnel que m’apporte le sport. Faire tourner une roue ou faire gagner de l’argent, cela ne doit pas faire rêver très longtemps.
On parle toujours des plans de carrière des sportifs mais France Pierron, elle en a un, plan de carrière ?
Pas du tout ! Et c’est ce qui est bien avec le sport et que j’aime bien, c’est de ne pas savoir où je serai dans 10 ans, dans 5 ans, dans 2 ans, cela dépendra des évènements sportifs, cela dépendra du mercato sportif, je sais que je veux rester dans un domaine qui touche au sport mais j’aime bien changé. J’ai tout fait sur la chaîne l’Equipe, du matin, du midi, du soir, du direct, du pas direct, du public, du pas public,…toucher à tout, c’est génial. Depuis 2 ans, je fais du bord-terrain où je suis tout le temps en déplacement à l’extérieur et cela me plaît aussi. J’aime bien rebondir, apprendre, faire toujours d’autres choses…ne surtout pas m’encrouter dans la même émission !
