Focus sur Lev Yachine alias « L’Araignée Noire »

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Focus sur Lev Yachine alias « L’Araignée Noire »

Entre la signature du mythique Gianluigi Buffon au PSG et avant le match dans le match entre Courtois et Lloris lors de France-Belgique, retour sur le légendaire gardien soviétique, Lev Yachine !

Elu meilleur gardien du siècle aussi bien au niveau européen que mondial, Beside Sport a souhaité rendre hommage à ce footballeur qui a été le premier à révolutionner son poste et que l’on surnommait « L’Araignée Noire » !

De l’usine au Dynamo Moscou

A l’âge de 14 ans, le jeune Lev est enrôlé dans l’usine de métallurgie de Touchino (banlieue de Moscou) à la demande de son père, lui-même ouvrier dans celle-ci.  En cette année 1943, l’Europe entière subit de plein fouet la 2ème Guerre mondiale et la Russie est au coeur du conflit. De ce fait, les loisirs futiles comme le football sont totalement abandonnés au profit de l’effort de guerre. Oui mais voilà, Lev, lui, à la sortie de l’usine, a envie de se défouler et découvre les plaisirs du hockey et du football. Sa pratique du hockey sera surement l’une des raisons de son sens du placement et de l’anticipation sur la pelouse car au hockey, le gardien joue également en tant que joueur de champ. A partir de 45, le jeune Yachine se fait une place au sein de l’équipe de l’usine d’abord comme ailier gauche et redescend rapidement sur le terrain pour finir comme gardien de but.

Dès 1949, il est temps pour Lev de faire son service militaire. Mais celui-ci n’en aura que le nom car le club de football de l’armée, le Dynamo Moscou, par l’intermédiaire d’un membre de l’encadrement Arkady Chernyshev, souhaite le recruter et le conservera tout au long de sa carrière. Néanmoins, les débuts sont difficiles car il doit faire avec la concurrence féroce du titulaire du Dynamo ainsi que de l’équipe nationale d’URSS, Alexei Khomich. Après une blessure de son concurrent, il disputera deux matchs avec une boulette à la clé. Suite à celle-ci et un score final nul, Yachine aura ses mots malheureux dans le vestiaire : « J’ai quand même arraché le match nul. » Son humour ne sera pas vraiment du goût des cadres de l’Armée Rouge qui décidèrent de l’exclure deux ans.

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Une carrière exemplaire

Suite au départ de Khomich vers le Dynamo Minsk, Yachine devient titulaire dans les cages de Moscou et ne les quittera plus jusqu’à sa retraite en 1970. Avec lui dans les buts, le Dynamo, club de la police lié directement au ministère de l’intérieur, disposait d’un atout de taille dans la lutte avec son grand rival du Spartak Moscou, club des syndicats, pour la suprématie du football soviétique (avant l’avènement du Dynamo Kiev à la fin des années 60). Si, pendant la carrière de Yachine (1950-1970), le plus couronné fut le second (six titres de champion, quatre coupes de Russie), le gardien mena son équipe à cinq titres de champion (en 1954, 1955, 1957, 1959 et 1963), six deuxièmes places et trois coupes de Russie.

Absent des compétitions européennes jusqu’à la saison 71-72 avec son club du fait des tensions européennes engendrées par la Guerre froide, Lev n’avait comme recours pour briller hors des frontières du bloc soviétique que sa sélection d’URSS. Ce qu’il réussit à faire admirablement. En 1954, à peine un an après son intronisation comme titulaire dans les buts du Dynamo, il est appelé à évoluer sous le maillot rouge. Des débuts couronnés de succès : aux Jeux Olympiques de Melbourne (Australie) en 1956, l’URSS décroche la médaille d’or. Yachine n’a concédé pendant le tournoi que deux buts en quatre rencontres. Un premier fait d’arme donc mais la révélation aux yeux du monde entier interviendra lors de la Coupe du monde 1958 disputée en Suède. L ’URSS atteint les quarts de finale du Mondial, où elle est battue par l’hôte suédois (2-0). Mais Yachine a impressionné, et figure dans l’équipe-type du tournoi.

Il confirme son nouveau statut deux ans plus tard, en 1960, à l’occasion de la première Coupe d’Europe des nations (ancêtre de l’Euro), disputée en France. Sous l’impulsion de son dernier rempart, porté en triomphe à l’issue de la demi-finale remportée face à la Tchécoslovaquie (3-0), L’URSS se hisse aisément en finale, où elle affronte une autre sélection du bloc de l’Est, la Yougoslavie. Yachine est une nouvelle fois impérial dans les buts, et pousse les canonniers yougoslaves, qui ont passé cinq buts aux Bleus en demi (4-5), à la prolongation (1-1). Un but de Ponedelnik à la 113e minute permet aux Soviétiques de décrocher leur premier trophée international.

Après une Coupe du monde 1962 ratée notamment à cause de deux commotions cérébrales survenues pendant le tournoi, il régale une nouvelle fois lors de l’Euro 1964 où l’URSS atteint sa deuxième finale de Coupe d’Europe des nations consécutives. Son équipe s’incline face à l’Espagne (2-1) chez elle à Bernabeu mais une nouvelle fois, Yachine est élu meilleur gardien du tournoi. En 1966, L’URSS réalise sa meilleure performance en Coupe du monde avec une 4ème place finale avec un Yachine, à nouveau meilleur gardien de la compétition.

En 1967, à 38 ans, il dit stop à la sélection avec un total de 78 sélections. Sa carrière au Dynamo Moscou s’achève cette même année, et un jubilé est organisé en mai 1971 au Lenin Stadium de Moscou. 100 000 personnes viennent lui rendre hommage, ainsi que de nombreuses stars du foot, comme Pelé, Eusébio ou Beckenbauer.

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L’Araignée Noire s’offre le Ballon d’Or

Toujours vêtu de noir sur le terrain, on l’appelait la « Panthère noire », ou l’« Araignée noire ». Car il était doté d’une détente de félin, et ses réflexes laissaient croire qu’il avait bien plus que deux bras. Excellent sur sa ligne, il l’était. Mais c’est aussi pour d’autres aspects de son jeu qu’il fut un gardien si spécial. Il était un pionnier. Le premier portier à sortir de sa surface pour couper une ouverture adverse, inventant ainsi la notion de « gardien-libéro ».

Le premier, aussi, à recourir aux poings pour dégager des ballons aériens difficiles, ne cherchant plus systématiquement à les capter. Le premier à relancer vite à la main pour initier des contre-attaques. Le premier, enfin, à affirmer son leadership sur sa défense, à asseoir son autorité dans sa surface tant physiquement par ses sorties que vocalement par ses directives. Sa femme Valentina lui reprochait d’ailleurs de trop crier sur le terrain. Lev Yachine a donné une autre dimension au poste de gardien de but. Il en a étoffé le rôle, élargi les fonctions. Finis les gardiens qui restent sur leur ligne, uniquement destinés à stopper les tirs adverses. Yachine a contribué à installer les portiers au cœur du jeu.

C’est pour toutes ses raisons qu’en 1963, le prestigieux Ballon d’Or France Football lui est décerné devant l’Italien Gianni Rivera et l’Anglais Jimmy Greaves. Il est le premier gardien récompensé, le seul encore à ce jour. Sa réputation est planétaire. Il est une référence, le meilleur gardien du monde !

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