Fantine Lesaffre, le nouveau visage de la natation française

Interview

Fantine Lesaffre, le nouveau visage de la natation française

Si la natation française a un peu moins le vent en poupe ces derniers temps, cela ne veut pas dire que certaines championnes ne sont pas en train d'émerger. C'est le cas de Fantine Lesaffre, championne d'Europe du 400m 4 nages !

Alain Bernard, Yannick Agnel, Camille Lacourt, Florent Manaudou ou encore la regrettée Camille Muffat,…voilà ce que la natation française a perdu comme champions au fil du temps !
Aujourd’hui, la France a du mal à retrouver les sommets au niveau international et ne peut compter que sur des exploits de Charlotte Bonnet ou encore Mehdy Metella au niveau européen. Alors que les championnats de France débutent aujourd’hui avec notamment le retour d’un certain Florent Manaudou, où en est la France avec ses champions ? Pour rappel, en août 2018, la France découvrait une jolie jeune fille longiligne du nom de Fantine Lesaffre qui devenait championne d’Europe du 400 mètres 4 nages du côté de Glasgow. Un titre qui fait d’elle aujourd’hui un visage important de la natation française aux côtés de Charlotte Bonnet et qui a donné envie à Beside Sport d’en savoir plus sur son parcours et sur son regard sur la natation !

Quel est le premier souvenir qui te vient à l’esprit lorsque l’on te parle de natation ?

En fait, j’ai commencé tard la natation, à 14 ans, ce qui fait que toute la génération Laure Manaudou, je n’ai pas vraiment connu. Je me suis mise à vraiment m’intéresser à la natation, en 2012 lors des JO de Londres, j’ai vu une Chinoise courir le 400m 4 nages et pulvériser le record du monde en faisant le dernier 100m en crawl plus rapidement que Ryan Lochte. Cela m’a interpellé et cela m’a donné très envie de faire cette discipline ultra-complète.

A quel âge as-tu appris à nager ?

Je pense que j’avais 2 ou 3 ans, quelque chose comme cela. Mon père est maître nageur, mon ancien club, c’était celui de mes grands-parents donc la natation c’est familial. Mon père m’a lancé dans la piscine et j’ai dû me débrouiller. Mais la natation, j’ai vraiment commencé à 14 ans !

Quel est ton rapport à l’eau depuis toute jeune ?

A l’époque rien du tout ! J’ai débuté par l’athlétisme qui était une discipline que j’aimais beaucoup donc plus la terre que l’eau (rires). Puis j’ai fini par choisir la natation et rapidement mes coachs m’ont dit que j’étais très aquatique et que tout était en place chez moi pour que je flotte mieux que les autres. Après, j’ai sûrement un gène qui se balade car mon père était en équipe de France ou encore mon oncle qui a participé aux Jeux Olympiques en natation.

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La natation est souvent considérée comme un des sports les plus difficiles notamment à cause des nombreux kilomètres à parcourir chaque jour. Qu’en penses-tu  ?

Je suis le genre de personne à dire que tous les sports sont compliqués ! Après, c’est sûr que la natation, le triathlon ou le cyclisme sont des disciplines très intensives. Par exemple, nous, on est entre 4 et 5 heures par jour dans l’eau plus 1h/1h30 de muscu par jour et tous les jours. Pour ma part, je n’ai pas de jour de repos complet et le dimanche soir, je suis dans la piscine en train de m’entraîner. Cela demande un gros mental pour pouvoir accepter tout cela et donc beaucoup de sacrifices. J’ai dû accepter de partir de chez moi, dans le Nord, pour venir à Marseille. Et honnêtement, j’ai eu des périodes délicates notamment quand les résultats ne suivaient pas mais pendant chaque saison, il y a toujours un moment où on a moins envie de nager. Mais pour l’instant, je n’ai jamais eu envie de tout plaquer et encore moins maintenant car je suis en pleine ascension !

On dit que Michael Phelps ne s’accordait que quelques jours sans natation sur une année entière. Est-ce vraiment le secret du succès ?

Cela dépend des athlètes ! Les sprinteurs, par exemple, réagissent moins à cela et peuvent avoir plus de jours de repos. Après, des nageurs comme Phelps ou moi, on nage énormément de kilomètres et donc la moindre pause nous fait perdre notre niveau. Quand j’ai un weekend ou 3 jours de repos, je sais qu’il me faut une semaine pour retrouver toutes mes sensations.

 

 

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As-tu déjà rencontré Michael Phelps ?

Rencontré personnellement non ! Mais je l’ai vu à Rio aux Jeux car dans le village on croise tout le monde donc j’ai déjeuné pas loin de lui et je l’ai aperçu au bord du bassin mais c’est tout. Après, c’est sur que c’est une légende, c’est l’athlète qui a remporté le plus de médailles olympiques et de titres notamment. Pour nous les nageurs, c’est « DIEU » !

Ces dernières années, la France a brillé notamment en sprint et en crawl, pourquoi avoir choisi le 4 nages comme discipline de prédilection ?

Déjà car je n’ai pas le physique pour faire du sprint donc depuis toujours, je fais du long. Après ce qui m’attire vraiment dans le 4 nages, c’est que je peux toujours changer car je suis quelqu’un qui m’ennuie très rapidement. Là, je ne fais jamais 2 entraînements pareils, je ne travaille jamais deux fois la même nage dans la journée. Après, il y a le fait que je suis plutôt douée dans cette discipline donc cela motive encore plus.

Hormis Charlotte Bonnet, tu es la fille qui a fait les meilleurs résultats dernièrement. Un statut dans la natation française et internationale, qu’est ce que cela change ?

Je ne le ressens pas vraiment ! Ma vie n’a pas changé depuis cet été et mon titre européen car je suis arrivée un peu de nulle part. Personne ne me connaissait à part en France donc je n’ai pas encore toute l’attention que Charlotte peut avoir. Après, cela me donne envie car cela met en avant mes beaux résultats mais je suis quelqu’un de très timide donc la discrétion, c’est quand même plus mon truc.

Développer son image, notamment à travers les réseaux sociaux, est devenue primordiale pour les sportifs. Quel est ton regard là-dessus ?

On m’oblige un peu à me montrer plus afin de gagner des followers car les contrats sont forcément plus intéressants si on a une belle communauté qui nous suit. Après, afficher ma vie, ça ne ressemble pas vraiment !

 

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Peux-tu nous parler de tes tatouages ?

Pour la petite histoire, ma mère est tatouée de partout donc je baigne dans cet univers depuis toujours. Déjà, à 10 ans, je savais que je voulais avoir des tatouages sur tout le corps. Donc j’ai un phénix qui est sur mes côtes pour ma mère, un lézard sur le pied qui est en commun avec toutes mes soeurs et sur mon bras, il n’y a pas de significations particulières. Et dans le futur, il y en aura pleins d’autres qui n’auront pas forcément de signification, ce qui me plaît dans le tatouage, c’est la dimension artistique.

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Que t’inspirent des championnes comme Katinka Hosszu ou Katie Ledecky  ?

Les deux sont des extraterrestres ! Concernant Katinka, elle fait mes courses et remporte les grands titres internationaux donc c’est un exemple. Sa polyvalence me donne envie de travailler énormément toutes les courses. En fait, quand elle arrive en meeting, elle nage toutes les courses que cela soit en série ou en finale donc elle se retrouve à nager 50 fois dans le weekend et c’est tout simplement énorme. Aujourd’hui, je ne suis pas capable de faire autant de courses mais j’y aspire un jour et pour le moment, on me dit souvent que je suis la « Katinka française » car je nage énormément de courses tout de même.

Après Katie Ledecky, c’est encore une autre dimension ! En 2012, elle remporte son premier titre olympique à 15 ans et depuis elle ne cesse de s’améliorer. Aujourd’hui, elle pourrait même nager avec les hommes donc c’est énorme. Elle n’a pas fini de nous étonner, j’en suis sûr !

Certains grands champions et grandes championnes de natation ont arrêté leur carrière entre 25 et 30 ans après un grand objectif. Comment expliquer cela ?

C’est compliqué car la natation demande énormément de travail, de concentration et on n’a pas vraiment de vie à côté et pour beaucoup de personnes, cela devient très difficile au bout d’un certain moment. De plus, en France, ce sport n’est pas autant mis en avant qu’aux USA ou en Australie. C’est délicat de continuer car on n’a pas de ressources financières suffisantes. Ce sont plein de petits détails qui s’accumulent au fil du temps et ça finit par se transformer en ras-le-bol général !

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