Quand on parle football et pelouses de Ligue 1, forcément on pense immédiatement aux joueurs professionnels ou encore aux entraîneurs. Et pourtant d'autres choisissent d'exercer le métier d'arbitre pro sur les terrains de foot !
Eric Wattellier, nouvel arbitre professionnel de Ligue 1
Aujourd’hui, 16 octobre 2018, se déroulait la présentation de la 17ème édition des Journées de l’arbitrage qui auront lieu du 17 au 31 octobre 2018 et qui sont organisées par la Poste. Ainsi, on a pu entendre de la part du PDG de la Poste les deux grands axes qui allaient être développés dès cette année, à savoir : la technologie et la féminisation. Ainsi, pour évoquer le métier d’arbitre professionnel de football mais aussi son évolution et ses valeurs, quoi de mieux que d’interroger un arbitre pro, « tout nouveau, tout beau » dans notre Ligue 1, le très sympathique Eric Wattelier.
Première question Eric : Comment se dit-on un jour : « Je vais devenir arbitre professionnel de football ?
On ne se le dit pas, on se dit « un jour, je vais devenir arbitre » ! C’était il y a une bonne quinzaine d’années maintenant puisque je jouais au foot et c’est suite à une grave blessure à 15-16 ans à l’entraînement. Néanmoins, j’avais déjà un peu embrasser la carrière d’arbitre car mon entraîneur était arbitre. Du coup, je le suivais un peu sur le terrain et ça a commencé à me passionner. Et suite à cela, je me suis lancé à fond là-dedans et c’est vraiment devenu une passion. Pendant quelque années, j’ai quand même continué à jouer au football et puis comme j’évoluais plutôt bien et rapidement dans l’arbitrage, j’ai dû faire un choix. A l’âge de 18-19 ans, j’ai arrêté de jouer pour me consacrer à l’arbitrage.
Pour être arbitre, on est forcément passionné de foot ?
Pour ma part, c’est le cas. Après je pense qu’il n’y a pas de règle générale mais je pense que c’est quand même important.
Quelle est la formation que tu as suivi pour devenir arbitre de foot ?
Alors on commence comme tout, en bas de l’échelle, c’est-à-dire au niveau départemental, local. D’abord, ce sont des examens théoriques ensuite on est suivi sur le terrain et en fonction de nos qualités, on nous détecte et on évolue après en régional et enfin en national/fédéral par la suite. C’est un long chemin !
Quelles sont les qualités que l’on doit présenter pour être un bon arbitre ?
Il y en a beaucoup ! Savoir communiquer et analyser les situations, je pense que ce sont les règles de base. Et après, j’ai envie de dire qu’il n’y a pas de qualités générales, tout se fait avec sa sensibilité et sa personnalité. Car on est tous différents et on a tous notre manière propre d’aborder les choses sur un match et c’est ça qui est intéressant. Nous ne sommes pas tous pareils.
Quel est l’entraînement sportif d’un arbitre ?
Avec la professionnalisation de l’arbitrage, l’entraînement sportif est quotidien. On a des entraînements sur différents types de modules : la PMA (Puissance Maximale Aérobie), le seuil lactique, du renforcement musculaire, la prévention de blessures. C’est un travail au quotidien afin d’être performant le weekend car en Ligue 1, ça va vite.
Tu viens de rejoindre cette saison l’élite du foot français, la Ligue 1. Est-ce que cela change beaucoup de la Ligue 2 ?
Oui, forcément ! C’est un vrai cap, un vrai niveau au-dessus, on le ressent dans tous les secteurs : que cela soit dans le jeu ou dans tout ce qui est autour du match…donc oui c’est un vrai challenge.
En 4 matchs de Ligue 1, tu as déjà mis 16 cartons et 1 carton rouge. Te définies-tu comme un arbitre sévère ?
Non, non ! Cela dépend vraiment des matchs que l’on a à arbitrer. Il y a des rencontres où l’on peut sortir sans avertissement, sans le moindre carton car les situations ont fait qu’il n’y en avait pas besoin et que l’état d’esprit était serein. Après, il y a d’autres matchs où il y a plus de décisions à prendre, plus délicates, plus précises et donc on est obligé de sanctionner un petit peu plus. Cela fait partie du job.
Quel a été ton sentiment lorsque tu as sorti le premier carton rouge de ta carrière en Ligue 1 à Thomas Mangani ?
Franchement, on ne réfléchit pas, on est là pour arbitrer et pour prendre les bonnes décisions. Que cela soit le 1er ou le 10ème, c’est la même chose honnêtement. On est focalisé sur notre travail et sur le fait d’être le plus juste possible.
Tu préfères être 4ème arbitre ou être dans le camion en tant que VAR (Arbitre Assistant Vidéo) ?
(Rires) Alors, ce sont 2 rôles complètement différents. Je ne saurais pas trop quoi répondre car chaque fonction a son petit avantage et son petit attrait. Après la différence, c’est qu’en tant que 4ème arbitre, on est sur le terrain, on est dans l’ambiance et arbitre vidéo, c’est une fonction différente où l’on va essayer d’aider l’arbitre et de lui apporter une certaine sécurité.
Arbitre t-on différemment un Kylian Mbappé, un Neymar ou un Verratti par rapport aux autres joueurs de Ligue 1 ?
Non, comme je vous ai dit, sincèrement lorsque l’on rentre sur le terrain, on est focalisé sur le fait d’être le plus juste et de prendre les bonnes décisions. Donc si on commence à s’attarder sur tels ou tels joueurs, on ne s’en sort plus. Je pense qu’il faut arbitrer tout le monde de la même façon. Le haut niveau, c’est arbitrer de la façon la plus juste et la plus égalitaire.
Sens-tu que les joueurs de foot de la génération actuelle ont encore du respect pour les arbitres ?
Concernant l’ancienne génération, je ne peux pas en parler car je suis relativement jeune (31 ans). Ensuite, je pense qu’il n’y a pas de règle générale. Je trouve que l’on arrive à évoluer dans le respect et à bien communiquer avec les joueurs, qu’ils soient jeunes ou plus anciens. Honnêtement, j’aime bien la communication que l’on arrive à établir et le respect que l’on met en place.
Pierluigi Collina, l'ancien arbitre star
Les footballeurs ont souvent des modèles avec d’autres joueurs, est-ce qu’un arbitre, c’est la même chose et as-tu un modèle ?
Pierluigi Collina, c’est l’exemple roi car ça a été une référence et ça l’est toujours. Après oui il y a beaucoup de références au niveau international, national mais je crois qu’il faut arriver à s’inspirer de plusieurs arbitres, de plusieurs façons d’arbitrer et de s’approprier le tout afin d’avoir sa propre personnalité…c’est hyper important !
En Bundesliga (1ère division du championnat allemand), Bibiana Steinhaus est arbitre central, penses-tu que cela arrivera bientôt en France ?
Complètement ! Au niveau du secteur professionnel, on a Stéphanie Frappart qui est arbitre central en Ligue 2 et qui est amenée à être 4ème arbitre sur des matchs de Ligue 1. Elle est donc aux portes de l’élite du foot français et tout est possible. Effectivement, on voit en Allemagne cette féminisation, cette évolution, qui est très intéressante. En France, on en prend le chemin car il y a un vrai développement comme l’a dit Laura Georges, secrétaire générale de la Fédération Française de football. On est sur la bonne voie !
« On n’a pas le même maillot mais on a la même passion » c’est vrai ou alors c’est juste de la com ?
C’est vrai ! Comme je vous le disais, pour ma part, je suis un vrai passionné de foot. Lorsque j’ai commencé, j’avais 5 ans et je ne me suis jamais arrêté car aujourd’hui, je suis arbitre de foot. Cela fait donc 25 ans que je suis dans le foot donc pour moi, c’est plus que vrai.
A l’école dans la cour de récré, tout le monde veut jouer attaquant et le moins bon va souvent au gardien. Mais personne ne veut faire l’arbitre. Arbitre, ça pourra faire rêver un jour ?
Oui je crois que cela peut faire rêver. On le constate d’ailleurs car si vous avez remarqué, il y a de plus en plus d’anciens joueurs professionnels qui prennent le parti de devenir arbitre. On a l’exemple de Jérémy Stinat qui arrive en Ligue 1 cette année, de Gaël Angoula qui est en National, c’est quand même exceptionnel. Et il y a de plus en plus de demandes chaque année dans ce sens là donc j’ai l’impression que ça attire les joueurs.
Il ne manque plus que Neymar finisse arbitre ? (Rires)
(Rires) ça serait génial !
