Edgar Boulet, le « Gym Tonic »

Interview

Edgar Boulet, le « Gym Tonic »

La gymnastique, une des rares disciplines sportives au monde qui met plus à l'honneur les femmes que les hommes. Et pourtant aujourd'hui, c'est bien "UN" gymnaste que nous allons mettre en avant !

A 24 ans, Edgar Boulet fait partie des meilleurs gymnastes que la France possède ! Alors oui, on ne peut pas dire que notre pays soit une nation du top mondial, notamment chez les hommes où les Japonais, Russes et Chinois ont tendance à truster tous les podiums. Néanmoins, Edgar compte bien s’imposer comme une référence déjà au niveau européen avant de penser plus loin. Alors que la qualification pour les prochains JO de Tokyo semble délicate à aller chercher, l’hyperactif Edgar va se donner tous les moyens pour réussir et pourquoi pas faire un beau championnat d’Europe 2020 qui se déroulera à l’Accor Hotels Arena à Paris. D’ici-là, découvrez un magnifique athlète avec plein de belles valeurs et surtout un « peps » et un dynamisme qui en font quelqu’un que l’on a envie de suivre !

Edgar, peux-tu nous raconter ta rencontre avec la gym ?

La rencontre avec la gym fut assez particulière ! Etant jeune, j’avais pratiqué plusieurs sports et vu que j’étais plutôt agité et que je grimpais et sautait partout, ma mère m’a dit un jour que si je continuais, elle allait m’inscrire à la gymnastique. Forcément, tout petit, on a l’image de la gym avec le justaucorps, la poutre,…les « trucs de fille » donc je ne voulais absolument pas en faire. Mais vu que j’ai continué à faire l’imbécile et à m’agripper partout, ma mère m’a dit de prendre mon manteau et on est allé au gymnase pour qu’elle m’inscrive à la gym. Je l’ai pris comme une grosse punition mais à partir du moment où j’ai mis un pied dans le gymnase, impossible de m’en faire sortir. Aujourd’hui encore, je pourrais passer mes journées entières dans un gymnase, à sauter partout, faire des acrobaties,…

Quel genre d’enfant étais-tu ? Et à l’école ?

Un enfant agité, plein d’énergie, plein de bonne humeur avec l’envie de toujours courir, de me dépenser et de me faire plaisir. J’étais également toujours à la recherche de sensations fortes avec des saltos sur le lit des parents ou alors faire la course avec les copains dans la cour de récréation…pour essayer d’impressionner les filles (rires).

A l’école, j’étais un élève « intelligent » mais qui devait se dépenser pendant les heures de cours. Clairement, je n’aimais pas rester en place et je préférais dessiner, regarder les copains et j’étais rarement concentré. Ma mère m’aidait à me canaliser et à me donner des coups de collier quand il fallait pour avoir les diplômes nécessaires à une vie sans encombre. Mais ce qui est sûr, c’est que rester assis sur une chaise, ce n’était pas pour moi !

Présentais-tu des dons évidents pour la Gym ?

Oui ! Je suis très acrobate et je me repère très bien en l’air. La deuxième chose n’est pas donnée à tout le monde et c’était inné dès mon entrée dans le gymnase. Je pouvais faire des saltos et dire à quel moment j’avais la tête en haut, en bas et pareil lorsque je faisais des vrilles, je savais toujours me repérer. Quand bien même on peut avoir cette aptitude et ne plus trop savoir où on est, j’avais toujours ce référentiel qui me permettait de me protéger et de ne pas me faire trop mal sur la chute. C’est une qualité rare que l’on peut développer mais j’ai eu la chance de l’avoir depuis toujours. Il faut savoir que beaucoup de gymnastes de haut niveau sont obligés de travailler énormément cela avec l’automatisation du geste, à savoir le répéter encore et encore afin de savoir où il se trouve.

Quand as-tu su que tu t’orientais vers une carrière dans la gym ?

Je devais avoir 14-15 ans ! J’ai passé une première année en pôle France qui s’est avérée très compliquée. J’étais issu d’un club où il n’y avait pas beaucoup d’heures d’entraînement et sans une très bonne formation de base donc j’ai dû tout reprendre à zéro et m’accrocher aux autres pour ne pas prendre de retard. Eux avaient eu la chance d’avoir des entraîneurs qui étaient sûrement mieux formés pour emmener avec eux des athlètes vers ce dur chemin qu’est le haut niveau.

L’année suivante, j’ai été pris en charge par un autre entraîneur qui a tout de suite cru en moi et qui m’a mis en face de mes vérités en me demandant si j’étais prêt à prendre les risques nécessaires pour aller plus haut. Et j’ai dit « Banco, ça vaut le coup » même si je savais que j’allais sacrifier une partie de ma vie voire de mon corps.

Tes parents t’ont soutenu dans ta passion ?

Mes parents m’ont toujours soutenu et accompagné de la meilleure des façons. S’il y avait des difficultés, ils me tenaient ce discours continuellement :  » C’est toi qui a choisi de continuer, c’est dur, si tu veux arrêter, tu peux arrêter. Mais attention, réfléchi bien et pose toi les bonnes questions.  »

La famille, c’est important pour toi ?

Oui c’est très important ! Ils prennent une très grande place dans mon quotidien, dans mon sport et surtout lorsque j’ai des jours compliqués.

Quels sont tes points forts en gymnastique ?

Je pense que les qualités acrobatiques sont très recherchées par les gymnastes. Peu importe l’agrès, se repérer dans l’espace sera toujours prépondérant pour performer en gymnastique. Ce n’est pas forcément faire des saltos mais cela peut-être des positions de corps sur le cheval d’arçons par exemple. Je pense que ces qualités là m’aident beaucoup. Aujourd’hui, j’ai des facilités au sol et à la barre fixe qui sont deux agrès majoritairement acrobatiques. Je ne suis pas quelqu’un de très très souple mais aucunement bloqué dans ma pratique de la gymnastique. Je suis aussi très dynamique, explosif et suffisamment fort pour être un bon gym malgré un physique pas hyper puissant.

La gym est un sport individuel mais qui se pratique également en équipe, quel est ton rapport avec tes coéquipiers ?

On a des rapports à la fois très professionnels mais aussi des penchants assez amicaux car parfois on passe des semaines entières à être ensemble. On se voit plus qu’avec notre propre famille et on est obligé de se rapprocher afin de performer pour soi en compétition mais aussi pour l’autre. Quand on est en équipe, cela arrive qu’un d’entre-nous fasse une erreur et alors le coéquipier va être là pour rattraper cette erreur. On n’est pas forcément tous comme des frères mais on s’entend tous très bien et on a un vrai respect mutuel et c’est le plus important au sein d’une équipe.

« La gym, c'est la plus belle des punitions qui me soit arrivée »

Edgar Boulet

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« C'est comme si on rentrait dans l'univers Marvel mais pour de vrai. Il y a des super-héros, des gens qui ont une vingtaine de médailles mondiales, dizaine olympiques et toi t'arrive, ce sont tes premiers !  »

Edgar Boulet sur les JO

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Tokyo et les JO plus globalement, cela représente quoi pour toi ?

C’est un vrai objectif car c’est ce pourquoi les sportifs s’entraînent, se préparent et viennent à la salle tous les jours. Néanmoins aujourd’hui, c’est compliqué avec la non qualification olympique.

Je pense que les Jeux Olympiques, c’est un esprit complètement différent car c’est le rassemblement de plein de sports différents. De plus, je pense que le fait de vivre cet évènement, on va rentrer dans un esprit purement sportif mais également dans le côté partage, échange dans différents sports, différentes nations. C’est un univers incroyable à vivre pas par la grandeur de l’évènement mais plus par rapport au symbole qu’il représente pour certains athlètes.

Qui souhaiterais-tu rencontrer ?

Un sportif que j’aurais aimé rencontrer, c’est Michael Phelps ou alors des basketteurs américains. Ce sont des superstars mais des athlètes tellement complets. Ils jouent tous les 2 jours, ils jouent à Noël, ils n’ont pas de vie. Je les admire vraiment pour cela !

Tu évoques souvent Kōhei Uchimura comme un « dieu », qu’a t-il de plus que les autres ?

C’est le « gym » qui incarne la perfection ! Durant de nombreuses années, il a été le gymnaste incontournable qui ne faisait pas d’erreur, qui exécutait les mouvements de manière parfaite avec la technique parfaite. Il était donc monstrueux en terme de niveau mais en plus de cela, tout ce qu’il faisait était magnifique à regarder.

 

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Simone Biles, elle représente quoi pour un gymnaste ?

Clairement, elle va rester une icône du sport par son palmarès mais aussi car depuis qu’elle a commencé, elle n’a fait que battre des records. De plus, le fait qu’elle soit imprégnée de la culture américaine, cela joue beaucoup sur sa notoriété mondiale. Aux Etats-Unis, ils insistent beaucoup sur le côté « record » notamment et clairement, elle ne serait pas Américaine, elle ne serait pas autant connue dans le monde. Kohei Ochimura aurait été Américain, il aurait été beaucoup plus célèbre. Et puis son physique joue pas mal sur sa notoriété car elle est toute petite, 1m50, mais elle est tellement explosive qu’elle fait des choses que parfois des gymnastes hommes n’arrivent pas à faire.

 

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woah. I’m honored. can’t believe it

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Tu es un grand fan d’Eminem. Ta chanson favorite ? Fan de rap US en général ? Rap Français ?

Je suis fan de tous ses albums ! Je suis très Eminem tout seul mais j’aime beaucoup le hip-hop en général. Je passe des journées entières à écouter du Eminem mais dans la vie de tous les jours, le pourrais écouter Drake, Kendrick Lamar, Travis Scott,…et en rap français, j’aime beaucoup Orelsan et Nekfeu car ils ont de vrais textes. J’aime beaucoup les artistes qui ont de bonnes « lyrics » et le « beat » est un peu plus accessoire pour moi.

Tu es également fan de photo. Toujours un appareil dans tes pérégrinations ?

Pas mon appareil mais mon smartphone…le gars aime la photo mais n’a pas d’appareil (rires). J’aime la photo dans une optique de me faire plaisir et d’apprécier mon cliché. C’est le côté artistique que j’aime bien ou alors me prendre en photo dans un endroit sympa.

Peux-tu nous parler de ta marque ByEd Clothing ?

Cette idée de créer une marque de vêtements, je l’ai depuis tout petit. Un jour, j’en ai eu l’opportunité car une marque de gym m’a contacté mais je leur ai fait comprendre que je ne voulais pas faire une marque de gym. Cela n’a pas fonctionné car la qualité n’était pas au rendez-vous mais cela a été un beau tremplin pour se lancer. J’ai fait mes recherches pour trouver des fournisseurs, j’ai téléchargé des logiciels pour créer mon logo, des tenues,…et du coup, j’ai adoré pouvoir mettre tout en place même si cela n’a pas été facile car j’ai tout fait tout seul.

Aujourd’hui, mon objectif serait de grandir et pourquoi pas à l’échelle mondiale. Je m’inspire beaucoup des équipementiers sportifs comme Nike, Adidas, Puma, Lacoste. Je voudrais bien un jour sponsoriser une équipe, des athlètes, une fédération. Mais ma vision serait surtout de pouvoir rendre ma marque accessible à tous et de ne pas me calquer sur les grands équipementiers niveau prix.

Paris 2024, c’est l’objectif d’une vie ?

C’est l’objectif de ma vie car petit, j’ai rêvé de voir les Jeux dans mon pays. Le fait que cela arrive, c’est un objectif qui me tient à coeur et sacrifier tout ce qu’il faut sacrifier, je le ferais. Pouvoir matcher devant son public, il n’y a rien de mieux !

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BS

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